20110528

La décomposition républicaine

Intervencion de na Martine Boudet dins un grope d’estudis sonat ADREUC, associacion entre Tolosa e Carcassona, s’i pensa la vida, s’i pensa lo monde. Na Marine Boudet es tanben professora de francés a Tolosa.

L'IDENTITÉ NATIONALE À l'ÉPREUVE DU DIALOGUE DES CULTURES

La décomposition républicaine

L'affaire DSK éclaire d'un jour cruel la problématique de l'identité nationale. Ce débat, rappelons-le, avait été lancé par le locataire actuel de l'Élysée. Sarkozy –Strauss-Kahn: deux rivaux qui incarnent communément les dérives de la monarchie républicaine, à la sauce néo-libérale, le «sempiternel» marché-État-nation, royale ou républicaine France.

La sinistrose médiatique alimentée autour de l'affaire DSK est à la mesure du psychodrame national: la cristallisation maladive sur les personnages de pouvoir répond aux déviances des dirigeants pris en faute. À l'étranger, il est vrai, le masque de la «grandeur de la France » s'est déjà largement effrité, avec les frasques du président bling-bling ou les contre-performances d'une équipe de football repue d'argent et de vanité.

La troisième figure tutélaire de la politique-spectacle, est Marine Le Pen ; elle est censée recueillir les suffrages populaires à la prochaine échéance électorale dont tout montrait, jusqu'à la chute du directeur général du FMI, qu'elle était pipée. Dans la distribution des rôles, le sien reste de recycler les rancoeurs d'un peuple confronté à la fois à la régression de ses conditions de vie et à l'impunité dont bénéficie la caste au pouvoir. De mémoire de citoyen, les «affaires» défraient la chronique régulièrement et se concluent imperturbablement par des non lieux ou des dénouements insignifiants: affaire Woerth-Bettencourt, affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, affaire de Karachi, affaire Clearstream, angolagate, affaire Elf, affaire Tapie... 
L'Autre personnage en scène est l'étranger non européen, à qui faire payer la note des dysfonctionnements internes, comme le distillent en choeur les responsables de la xénophobie d'État jacobin et républicain, et son ontologique extrême-droite. Il a bon dos l'émigré de service ou le pays sub-saharien qui doit subir l'ire magistrale de la métropole en crise. Exemple tragique que celui de la Côte d'Ivoire, jadis pays respecté de la sous-région et désormais réduit à merci, suite à une guerre civile largement télécommandée depuis Paris et Ouagadougou et qui s'est conclue par un coup de force avec la bénédiction de la «communauté internationale».

Le pays de La Marseillaise s'illustre en participant à deux autres conflits guerriers en Afghanistan et en Lybie dont l'objectif invoqué est celui de la défense de la démocratie, qui peut aussi être touché par ce liberticide libéral, le choc de culture associé à un néant économique. Cette extraversion belliciste est aussi à la mesure des déséquilibres Nord-Sud et de l'aspiration des peuples du Sud, arabes et africains, à prendre en mains leur destin national. Quelques jours après l'assassinat du chef terroriste Ben Laden par les services américains, l'inculpation à New York du DG du FMI sur les accusations d'une jeune domestique guinéenne constitue un symbole fort du combat des catégories représentées.

À la délinquance financière de maints dignitaires s'ajoute donc la possible criminalité sexuelle d'un dirigeant plébiscité auparavant comme le nouvel « homme providentiel » et qui dans les faits souffrirait d'une overdose des ingrédients classiques de la toute-puissance. Suite à des années de pipolisation de la vie politique en lieu et place du débat d'idées sur de véritables alternatives, cette catastrophe personnelle traduit l'impasse humaniste de ce mode de gouvernance. Comme dans la tragédie antique, le spectateur est invité à une « catharsis » salutaire; tel est l'objectif, par exemple, du pacte civique récemment constitué1: cultiver le décentrement et une éducation citoyenne à l'altérité.

L'enjeu de la démocratie réelle (democracia real en espanhòl, mas en occitan, seriá benlèu la democracia segura, elonhada de la republica actuala)

De nombreux médias défendent le bilan de DSK au FMI depuis 2007 et sa fibre tiers-mondiste: il s'agit dans les faits d'une gestion ultralibérale, colonialiste de toujours, dont les pays du Sud continuent à faire les frais (car quelle différence entre une entreprise d'État même républicain qui colonise et une entreprise qui installe un oligopole ?), avec le maintien des programmes d'ajustement structurel (PAS) pour le paiement d'une dette illégitime. Avec la crise systémique, voici venu le tour des pays européens les plus fragilisés, talonnés par les marchés financiers, la Grèce, le Portugal, l'Espagne... Quant à la soi-disante démocratisation du FMI en faveur des pays émergents, les rumeurs du remplacement de DSK par un nouvel Européen démentissent cet autre aspect du mythe. Christine Lagarde reprendra-t-elle le poste tant convoité, en dépit de l'affaire Tapie ? Le FMI n'est pas une institution mondiale démocratique, loin de là ; il s'agit bien d'un système bancaire secret qui demande de la confiance pour les peuples qui doivent le supporter, mais qui ne montre aucune mesure qui pourrait porter cette confiance collective planétaire.

S'inspirant des révolutions arabes, la mobilisation « Democracia real » dévoile de son côté les limites de la social-démocratie espagnole, moins compromise aux côtés de l'oligarchie mais victime d'une conjoncture défavorable. Et dénonce l'anachronisme d'une démocratie bipartite incapable de prendre en compte les besoins socio-économiques du peuple et de sa jeunesse.

En conclusion, la crise républicaine qui sévit en France depuis le fiasco électoral de 2002 -que subit alors le candidat Jospin et qui n'étonne que peu la pardidocratie française- manifeste les passifs de l'«identité nationale»: le monarchisme républicain et machiste, alimenté entre autres par le centralisme jacobin, le républicainisme totalitaire ou militariste, l'impérialisme néo-colonial et la xénophobie d'État et transmué sous l'effet de la mondialisation néo-libérale en un affairisme de caste. Les développements de l'enquête menée dans le pays du watergate amèneront peut-être la justice américaine à crever l'abcès de son impunité récurrente.

Cette part d'ombre a progressivement gagné sur les forces vives à l'oeuvre dans l'État France et que rappellent périodiquement les résistants de la première heure et les diverses mobilisations en faveur d'une République plus sociale, écologique, paritaire et respectueuse des langues-cultures et de la souveraineté des peuples francophones. L'avenir dira si un retournement de tendance s'opère de manière significative d'ici la présidentielle de 2012.

 

 

1Le Pacte civique, c'est un appel à des personnes et à des organisations qui sont prêtes simultanément à se transformer et à transformer la société pour inventer un futur désirable pour tous. Il est proposé aux personnes adhérant au Pacte civique :

• d'adopter un certain nombre de comportements porteurs de sens,

• de promouvoir la qualité de la démocratie et du vivre ensemble dans leurs divers lieux de vie et dans les organisations où s’exercent leurs différentes activités,

• de soutenir des réformes visant à mettre la politique et l’économie au service de la personne et à promouvoir notre ouverture sur l’Europe et le monde.

Se cal pausar la question : es una bona causa per Occitània ? Bona causa per tornar bastir lo parlamentarisme, comunalisme costumièr, fòr e costuma del país nòstre, causa qu’avèm agut abans l’arribada de l’illusion republicanista e revolucionària, mistificada per l’escòla republicana, abans l’arribada de l’engana francesa en país nòstre.

Es que cal pausar a França, encara un còp un camin, lo pacte civil, per se despertar e per nos escanar o enganar encara melhor ?